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Eté
94. Jeune homosexuel new-yorkais, Joël, 35 ans, redoute les imbroglios
sentimentaux. Par hasard, il rencontre Scott, habitant San Francisco. Pas
question de se lier affectivement avec ce dernier, Joël prend la fuite
dare-dare et retourne à ses aventures d'un soir. Seulement, l'amour
rôde... Il hésite, rumine, et décide finalement de tout
plaquer pour retrouver Scott, à l'autre bout du pays. Le voilà
parti dans une traversée des Etats-Unis.
Happé dès les premières scènes par une tension trouble, le spectateur plonge dans les profondeurs oppressantes de ce véritable parcours initiatique. Au coeur d'un univers qui, dans ses coins perdus, recèle de véritables trésors, amour et deuil dansent collé-serré et de saisissants personnages surgissent comme d'une effrayante boîte de Pandore. Tandis que la mort s'amène à petits pas, c'est un monde vacillant et crépusculaire qui se révèle à nous, un fascinant carrousel humain où s'entrelacent doutes, faux-pas et quête d'identité. Jetant un pavé dans la mare, Godfrey Hamilton sonde âprement les noirceurs du monde avec des sentiments crus, une atmosphère interlope et une bonne dose de marginalité des bas-fonds. Malgré sa tonalité sombre et abrasive, Road Movie est un spectacle plein d'humour et de sensibilité. Portée par une écriture minutieuse, une mise en scène affûtée (Nikola Koretzky) et une excellente adaptation (Jérôme Pradon), cette pièce éclate dans une émotion vive. Acteur intuitif, inventif et charnel, Jérôme Pradon distille en maître cette prose incandescente, et donne à son personnage une aura de proximité très particulière. Le temps est assassin, disait la chanson. Lorsqu'ils sont de cette veine-là, cetains spectacles aussi. Un bouleversant requiem pour utopies défuntes. |
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Myriem
Hajoui A Nous Paris 01/10/2001 |
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