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Une comédie musicale qui met en scène les monuments de la chanson française : une belle idée de Jacques Pessis et deux heures de plaisir sans arrière-pensée. Avenue Gabriel, à deux pas de la place de la Concorde, l'Espace Cardin est un écrin luxueux dont rêvent nombre de spectacles… et nombre de spectateurs plus habitués aux inconfortables théâtres parisiens. Or, cette très belle salle accueille, jusqu'au 11 janvier prochain, un spectacle musical qui, s'il n'est pas révolutionnaire, n'en est pas moins parfaitement réussi. L'idée est de dérouler, en presque deux heures, une comédie musicale qui s'appuie exclusivement sur le patrimoine de la chanson française (de qualité) de l'après-guerre. Sont ainsi convoqués sur scène Brel, Montand, Gréco, Trenet, Bourvil, Ferré, Piaf et consorts ! Autant dire qu'en allant piocher dans le répertoire intime et universel du public Français, Jacques Pessis n'a pris aucun risque. Mais après tout, pourquoi ne pas remettre au goût du jour ces monuments si l'ouvrage est réalisé avec amour et talent ? Et de talent, les six artistes qui occupent les planches de l'Espace Cardin n'en manquent pas. Trois hommes, trois femmes : six chanteurs-danseurs qui se donnent totalement, emmenés par une Isabelle Georges éblouissante, aux jambes "hayworthiennes" et à la voix "minellienne" (cette fille-là, les gars, elle est terrible !) Le prétexte : la guerre est finie et, dans un bar qui a été florissant sous l'occupation, se retrouvent quelques personnages marqués par la vie. Germain, le patron du bar ; Simone, sa compagne ; Antoine, un client ; Julien, qui vient d'être démobilisé ; enfin, Leslie, une petite Américaine qui n'a d'yeux que pour Suzy, chanteuse dont l'ascension vers le succès a été brisée par la guerre. C'est leur rencontre et leur histoire que nous raconte cette comédie musicale où l'on parle peu, mais où l'on chante beaucoup, dans leur intégralité, des chansons que l'on reconnaît au bout de trois notes et qui, superbement interprétées, nous font frissonner. Un grand bravo donc pour cette initiative "vivante" (tout le spectacle, chansons comprises, est accompagné par quatre musiciens discrets, installés au fond de la scène) qui offre une sacrée bouffée d'air frais et nous soulage des pitoyables karaokés surmédiatisés d'une poignée d'adolescents à peine pubères sponsorisés par des magasins de meubles et des déodorants qui les valent bien. Et si on chantait procure une irrépressible envie de fredonner, de chanter, de reprendre les refrains, de rire et de pleurer… Bref, de vivre ! |
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Joël
Fompérie © Jowebzine.com Décembre 2003 |
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