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Il fut Marius à Paris, il sera Napoléon à Toronto. « Un matin de 1964 à Boulogne-Billancourt naît un charmant bambin. Ses parents, les Pradon, le prénomment Jérôme. Bien vite, l'enfant quitte la banlieue parisienne pour grandir à Nice, puis à Madagascar. Une jeunesse en trois actes : la Seine, le Méditerranée, l'océan Indien. Le quatrième acte va se jouer sur les bords du lac Ontario, en mars prochain. Jérôme Pradon sera Napoléon, à Toronto. Curieux parcours que celui de ce comédien, chanteur et compositeur. Chez les Pradon, le sérieux est de mise. Jérôme, bon fils, passe un baccalauréat scientifique, puis s'inscrit en fac-théâtre. Le virus commence à s'installer. Jérôme entre au cours Florent et pendant deux années suit les enseignements de Francis Huster. Il ne sait pas encore si la comédie saura faire son bonheur. Il hésite et fait un disque. Un 45 tours intitulé Tendrement . « J'en ai vendu entre dix et quinze mille » , assure Jérôme en éclatant de rire. Il écrit encore des musiques pour Jean Guidoni. En 1991, après quelques « galères », il est engagé dans Guerre privée au théâtre de Dix-Heures. Le virus poursuit son oeuvre. Toutefois, Jérôme n'a pas encore trouvé ce qui lui convient le mieux. Il aime jouer, il aime chanter. Il ne lui manque plus qu'une occasion d'assouvir ses deux passions. Le théâtre Mogador lui « tend les bras ». On y monte Les Misérables ... Jérôme y est Marius pendant huit mois. « Victor Hugo, c'est très émouvant. Avec ce spectacle, j'ai trouvé ma voie » et sa voix peut s'exprimer en même temps que son corps. Un authentique succès, mais peu suivi d'effets en France. En revanche, l'Angleterre s'ouvre à Jérôme. « A Londres, ce n'est pas parce que l'on chante qu'on ne vous considère pas comme un acteur », dit l'enfant de Boulogne-Billancourt. La preuve, l'an dernier, il a été, durant une saison, la vedette de Miss Saïgon au Royal Drury Lan, un théâtre de deux mille places. Il joue en Grande-Bretagne et fait du cinéma en France - Godard lui a confié un rôle dans Hélas pour moi - et en Russie, où il vient de tenir le rôle d'un officier français, lors des guerres napoléoniennes, dans une production anglaise ! Jérôme ne cesse de travailler en s'accordant, tout de même, quelques vacances dans son pays natal. Un repos qu'il consacre à la préparation d'un album. Pour l'heure, Jérôme Pradon est en pleine répétition au Canada. Il peaufine son Napoléon qu'il va jouer de mars à août. « Un plaisir chaque fois renouvelé », dit-il. Mais le temps presse. Dès son Victor Hugo terminé, Jérôme va s'envoler à destination de Toronto pour une comédie musicale qu'il espère bien jouer un jour en France. « Il est déjà établi que nous donnerons ce spectacle à New York et à Londres. Quant à Paris, les producteurs ont du mal à convaincre un directeur de théâtre à prendre ce risque », soupire Jérôme. Dommage pour le public, pour nous. Jérôme Pradon sait être patient. A 29 ans, il a tout l'avenir devant lui. Un avenir qui pourrait bien s'écrire en lettres d'or. » |
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Jean-Marc Loubier, in Applaudir 1993 |
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